Alors que la saison 3 de Peaky Blinders se finissait par le clan Shelby plus désuni que jamais, la saison 4 qui vient de s’achever voit un renouveau dans la dynamique familiale.
L’intrigue principale commence par cette Main Noire que tous les Peaky Blinders reçoivent chez eux, signe d’une vendetta en cours de la part des Changretta, qui se vengent de l’assassinat du patriarche par Arthur Shelby en saison dernière. Malheureusement, cette saison est dans l’ensemble moins percutante que les précédentes, principalement du fait qu’elle laisse les man?uvres politiques au second plan, alors qu’elle était une vraie valeur ajoutée à cette série. En effet, voir cette famille issue de la classe populaire se frotter aux diverses strates du pouvoir permettait d’ancrer l’histoire dans une époque particulièrement intéressante (l’Angleterre de l’entre-deux guerres). La guerre de 14-18 et ses traumatismes sur les frères Shelby est davantage exploitée au cours de cette saison, alors qu’elle n’était que suggérée auparavant, ce qui est une approche particulièrement intéressante.
Néanmoins, cette vendetta comme intrigue principale fait perdre un peu de rythme et d’impact à la série, qui tend à devenir une histoire de pègre un peu plus « banale » . Bien sûr, les implications politiques sont toujours là en trame de fond : entre Jessie Eden, d’un côté, syndicaliste et communiste que Tommy parvient à séduire, et Churchill, de l’autre, personnage « fantôme » et paradoxalement plus présent que jamais, redoutant plus que tout une révolution bolchévique, la dualité d’un monde encore branlant à la sortie de la guerre est extrêmement bien mise en scène. Mais du fait de la prédominance de la vendetta tout au long des six épisodes, les enjeux politiques restent parfois un peu confus et sous-exploités.
En ce qui concerne les personnages cette saison, l’évolution réside dans l’exploitation de leurs failles : Polly qui sombre presque dans la folie en début de saison avant de retrouver sa verve, Tommy dont les souvenirs de la guerre le hantent, Arthur qui enchaîne les rails de cocaïne car il se sent mis à l’écart… Les Peaky Blinders ont pour la plupart atteint leurs limites, et on a pu voir leur manière de gérer comme ils le pouvaient cette menace des Changretta, aussi sournoise que celle du gouvernement en place. Quant aux personnages secondaires, ils sont en dent de scie. Luca Changretta, interprété par Adrien Brody, est extrêmement caricatural, une allumette sans cesse dans la bouche et son accent que l’on sent forcé. On s’attendait à mieux et surtout plus subtil de la part de Brody… Quant à Hardy et son personnage d’Alfie Solomons, son interprétation est décidément toujours aussi magistrale et on se surprend à regretter sa mort au dernier épisode.
Autre point fort de cette saison : l’environnement, avec le clan des Peaky Blinders qui se déplace à nouveau à Small Heath, comme aux débuts de la série. C’est un véritable retour aux sources : cette image presque sale, ses rues suffocantes, ses bas fonds. La magie est restaurée, et bizarrement, les Shelby retrouvent leur superbe dans ce quartier populaire et crasseux, contrairement au luxe dans lequel ils ont l’air éteints.
On pourrait reprocher à cette nouvelle saison d’être moins à l’aise avec les retournements de situation : elles sont trop souvent attendues, surtout celle du dernier épisode où on se doute dès le départ que Luca Changretta ne va pas gagner la bataille contre les Shelby. Seule la « trahison » de Polly a eu un certain impact et a pris le spectateur en surprise.
La saison 4 de Peaky Blinders a su tout de même tenir ses promesses, malgré quelques maladresses et des choix scénaristiques contestables. La réunion familiale dans le dernier épisode semble un peu « forcée » mais rappelle tout-à-fait le dernier épisode de la saison précédente : une famille unie à nouveau. On peut le dire : la boucle est bouclée.
Maldoror pour Pascal Retro Games
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