Quand on parle de films héroic-fantasy, on pense souvent au Seigneur des Anneaux, à Excalibur ou même encore au Monde de Narnia. Ces histoires d’elfes, d’orques et de magiciens se déroulent toujours à l’époque médiévale. Mais à quoi cela ressemblerait si une histoire de ce genre déroulait au 21ème siècle ? Bright détient sûrement la réponse.
Après le désastreux Suicid Squad, David Ayer est très attendu au tournant. End of watch, le film précédant ce premier, sorti en 2012, était pourtant un bon film. Ayer décide de remettre le couvert toujours avec Will Smith qui joue le rôle de Daryl Ward, un policier en binôme avec un orque. Son humour ayant marqué les années 1990 et 2000 ne marche plus beaucoup aujourd’hui. Celui-ci a su évoluer dans des rôles plus sérieux comme dans Je suis une légende ou encore Sept vies, ce qui ont fait de lui un des acteurs les mieux payés d’Hollywood. Alors attribuer un rôle comique à Will Smith en 2017 est un peu obsolète.
Dans cet univers fantastique, Daryl est forcé de travailler avec un orque afin de trouver une baguette magique tant convoitée par Tien et les forces du mal. Il sera confronté à ses collègues, des gangs mexicains et d’autres créatures d’une force surhumaine prêt à tout pour obtenir cet objet magique. L’humain et l’orque sont aidés par une « bright » qui est capable de se servir la baguette.
Mais alors, que penser de Bright sachant que la critique a été très sévère dès sa sortie sur Netflix ? Le résultat est effectivement très mitigé. L’idée d’imaginer notre monde actuel avec des créatures mystiques est vraiment originale. Créer une sorte d’apartheid entre les elfes (les riches), les humains (la classe moyenne) et les orques (les pauvres) est aussi original. Le vrai problème vient tout d’abord du format du film : deux heures, c’est beaucoup trop long sachant que l’univers nous y est introduit très brièvement dans le générique pour le coup très bien découpé avec plans axés sur des graffitis racontant toute l’histoire de ce monde parallèle. Le deuxième problème, c’est la narration d’un récit héroïque à notre époque qui fait que le contexte ne peut pas être épique comme dans d’autres films du même genre. Effectivement, l’idée de base part avec le handicap de ne pas pouvoir utiliser des épées, à une époque où tout le monde utilise des armes à feu, les plaines à perte de vue et les forêts mystérieuses sont remplacées par Los Angeles et ses sombres ghettos. Et le troisième problème, c’est que malgré une bonne introduction, nous sommes lâchés dans ce monde hostile sans même savoir comment ce racisme entre communautés s’est formé et on finit par suivre l’histoire bêtement. Ces trois problèmes font que l’histoire ne marche pas et alors que certains décrochent, d’autre en oublie la forme et essaient plutôt de se concentrer sur l’intrigue principale : trouver cette baguette magique.
Suicid Squad manquait cruellement de références à l’univers DC Comics afin de sauver un peu les meubles et d’intéresser un peu plus les fans de la première heure. Bright manque également de références culturelles propres à la littérature épique : on aperçoit deux centaures et un phoenix sur un plan large en plein milieu du film, autrement dit, ce sont deux clins d’œil inutiles.
Bien qu’il s’agisse d’un film d’action, aventure, on y trouve pas mal d’humour de bas étage avec le sens de la répartie d’un enfant de dix ans et des blagues à la « Will Smith de Men in Black ». Vous l’aurez compris, il est tant de se passer de Will Smith dans les comédies et de lui laisser des rôles plus sérieux. À vrai dire, si le film était sorti dans les années 1990, il aurait sûrement fait un carton.
Pour terminer sur une note positive, on peut mentionner la bande-son bien rythmée avec du Machine Gun Kelly, Asap Rocky, Portugal the Man, alt-J… et bien plus encore et la moralité tolérante visant les communautés à vivre ensemble. Ce film n’est peut-être pas parfait, mais part d’une bonne intention certes mal amenée mais il faut savoir que David Ayer est capable de nous montrer de belles choses s’il devenait moins psychorigide sur certains détails.
Quentin DUPORT pour Pascal Retro Games
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